Puissance parfaite

Représentation graphique du carré puis du cube parfait de 2, ainsi que le carré parfait de 3

En mathématiques, une puissance parfaite est un entier naturel qui peut être exprimé sous la forme d'un carré ou d'une puissance entière supérieure ou égale à 2 d'un entier lui aussi supérieur ou égal à 2. Plus formellement, n est une puissance parfaite s'il existe des entiers naturels a 2 {\displaystyle a\geqslant 2} , et k 2 {\displaystyle k\geqslant 2} tels que n = a k {\displaystyle n=a^{k}} . Dans ce cas, n est appelé une puissance k-ième parfaite . Si k = 2 ou k = 3, n est appelé un carré parfait ou un cube parfait. Parfois, 0 et 1 sont également considérés comme des puissances parfaites (puisque 0k = 0 pour tout k > 0, 1k = 1 pour tout k ).

Exemples et sommes

La liste croissante des puissances parfaites (en conservant les répétitions) est donnée par la suite A072103 de l'OEIS :

2 2 = 4 ,   2 3 = 8 ,   3 2 = 9 ,   2 4 = 16 ,   4 2 = 16 ,   5 2 = 25 ,   3 3 = 27 , {\displaystyle 2^{2}=4,\ 2^{3}=8,\ 3^{2}=9,\ 2^{4}=16,\ 4^{2}=16,\ 5^{2}=25,\ 3^{3}=27,} 2 5 = 32 ,   6 2 = 36 ,   7 2 = 49 ,   2 6 = 64 ,   4 3 = 64 ,   8 2 = 64 , {\displaystyle 2^{5}=32,\ 6^{2}=36,\ 7^{2}=49,\ 2^{6}=64,\ 4^{3}=64,\ 8^{2}=64,\dots }

La somme des inverses des puissances parfaites (y compris les doublons tels que 3 4 et 9 2, tous deux égaux à 81) est égale à 1 :

a = 2 k = 2 1 a k = 1. {\displaystyle \sum _{a=2}^{\infty }\sum _{k=2}^{\infty }{\frac {1}{a^{k}}}=1.}

ce qui peut se montrer comme suit :

a = 2 k = 2 1 a k = a = 2 1 a 2 k = 0 1 a k = a = 2 1 a 2 ( a a 1 ) = a = 2 1 a ( a 1 ) = a = 2 ( 1 a 1 1 a ) = 1 . {\displaystyle \sum _{a=2}^{\infty }\sum _{k=2}^{\infty }{\frac {1}{a^{k}}}=\sum _{a=2}^{\infty }{\frac {1}{a^{2}}}\sum _{k=0}^{\infty }{\frac {1}{a^{k}}}=\sum _{a=2}^{\infty }{\frac {1}{a^{2}}}\left({\frac {a}{a-1}}\right)=\sum _{a=2}^{\infty }{\frac {1}{a(a-1)}}=\sum _{a=2}^{\infty }\left({\frac {1}{a-1}}-{\frac {1}{a}}\right)=1\,.}

La liste où l'on a supprimé les répétitions :

(parfois 0 et 1), 4, 8, 9, 16, 25, 27, 32, 36, 49, 64, 81, 100, 121, 125, 128, 144, 169, 196, 216, 225, 243, 256, 289, 324, 343, 361, 400, 441, 484, 512, 529, 576, 625, 676, 729, 784, 841, 900, 961, 1000, 1024, ... suite A001597 de l'OEIS

La somme des inverses des puissances parfaites sans répétitions est  :

n P 1 n = k = 2 μ ( k ) ( 1 ζ ( k ) ) 0 , 874464368 {\displaystyle \sum _{n\in P}{\frac {1}{n}}=\sum _{k=2}^{\infty }\mu (k)(1-\zeta (k))\approx 0,874464368\dots }

P {\displaystyle P} est l'ensemble des puissances parfaites, μ est la fonction de Möbius et ζ la fonction zêta de Riemann ; voir la suite A072102 de l'OEIS.

Selon Euler, Goldbach a montré (dans une lettre aujourd'hui perdue) que la somme des 1/n − 1n décrit l'ensemble des puissances parfaites, excluant 1 et excluant les répétitions, est égale à 1 :

n P 1 n 1 = 1 3 + 1 7 + 1 8 + 1 15 + 1 24 + 1 26 + 1 31 + = 1. {\displaystyle \sum _{n\in P}{\frac {1}{n-1}}={{\frac {1}{3}}+{\frac {1}{7}}+{\frac {1}{8}}+{\frac {1}{15}}+{\frac {1}{24}}+{\frac {1}{26}}+{\frac {1}{31}}}+\cdots =1.}

On trouvera sur la page : théorème de Goldbach-Euler la "démonstration" originelle de Goldbach, non conforme aux standards actuels de rigueur, ainsi qu'une démonstration se ramenant à la somme des inverses des puissances parfaites avec les répétions données ci-dessus.

Détecter les puissances parfaites

Déterminer si oui ou non un entier naturel donné n est une puissance parfaite peut être accompli de différentes manières, avec différents niveaux de complexité. L'une des méthodes les plus simples consiste à considérer toutes les valeurs possibles de k sur chacun des diviseurs de n, jusqu'à k log 2 n {\displaystyle k\leqslant \log _{2}n} . Donc si les diviseurs de n {\displaystyle n} sont n 1 , n 2 , , n j {\displaystyle n_{1},n_{2},\dots ,n_{j}} alors une des valeurs n 1 2 , n 2 2 , , n j 2 , n 1 3 , n 2 3 , {\displaystyle n_{1}^{2},n_{2}^{2},\dots ,n_{j}^{2},n_{1}^{3},n_{2}^{3},\dots } doit être égal à n si n est une puissance parfaite.

Cette méthode peut être immédiatement simplifiée en ne considérant que les valeurs premières de l'entier k . En effet, si n = a k {\displaystyle n=a^{k}} pour un nombre composé k = d p {\displaystyle k=dp} p est premier, alors cela peut simplement être réécrit sous la forme n = a k = a d p = ( a d ) p {\displaystyle n=a^{k}=a^{dp}=(a^{d})^{p}} . Grace à ce résultat, la valeur minimale de k est nécessairement première.

Si la factorisation complète de n est connue, disons n = p 1 α 1 p 2 α 2 p r α r {\displaystyle n=p_{1}^{\alpha _{1}}p_{2}^{\alpha _{2}}\cdots p_{r}^{\alpha _{r}}} où les p i {\displaystyle p_{i}} sont des nombres premiers distincts, alors n est une puissance parfaite si et seulement si pgcd ( α 1 , α 2 , , α r ) > 1 {\displaystyle \operatorname {pgcd} (\alpha _{1},\alpha _{2},\ldots ,\alpha _{r})>1} où pgcd désigne le plus grand diviseur commun. Par exemple, considérons n = 2 96 ·3 60 ·7 24 . Puisque pgcd(96, 60, 24) = 12, n est une puissance douzième parfaite (et une puissance sixième, quatrième, un cube et un carré parfaits, puisque 6, 4, 3 et 2 divisent 12).

Écarts entre puissances parfaites

En 2002, le mathématicien roumain Preda Mihăilescu a montré que la seule paire de puissances parfaites consécutives est 2 3 = 8 et 3 2 = 9, prouvant ainsi la conjecture de Catalan.

La conjecture de Pillai stipule que pour tout entier positif k donné, il n'y a qu'un nombre fini de paires de puissances parfaites dont la différence est k . C'est un problème non résolu.

Voir aussi

Références

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Perfect power » (voir la liste des auteurs).
  • Daniel J. Bernstein, « Detecting perfect powers in essentially linear time », Mathematics of Computation, vol. 67, no 223,‎ , p. 1253–1283 (DOI 10.1090/S0025-5718-98-00952-1, lire en ligne)

Liens externes

  • Lluís Bibiloni, Pelegrí Viader et Jaume Paradís, Sur une série de Goldbach et Euler, 2004 (Pdf)
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