Tuile vernissée de Bourgogne

Les Hospices de Beaune (XVe s.). Les toits multicolores de ce célèbre Hôtel-Dieu de style gothique flamboyant sont un des symboles de la Bourgogne.

La tuile vernissée de Bourgogne est un des éléments historiques de l'artisanat d'art et de l'architecture vernaculaire de la Bourgogne. Les toitures couvertes de tuiles plates vernissées polychromes aux dessins losangés sont un des symboles de la Bourgogne.

Historique

Les toitures en tuiles plates vernissées existent en Île-de-France et en Normandie dès la fin du XIIe siècle[1]. Il s'agit de l'application aux tuiles, briques, et carreaux de sol, d'une technique de glaçure (émail) connue depuis l'Antiquité, notamment par les Romains pour décorer la poterie.

À partir du XIe siècle, l'abbaye de Cîteaux, siège fondateur de l'ordre cistercien[2], construite dans la forêt de Cîteaux, en Bourgogne, aux portes de la Franche-Comté[3], développe un art cistercien (architecture cistercienne, carreaux à motifs vernissés de l'art cistercien) avec la maîtrise de savoir-faire pour les matériaux de constructions, dont la terre cuite à base d'argile, pouvant être vernissée, sous la forme de carreaux, de briques et de tuiles. Elle crée des dizaines de tuileries et briqueteries autour de l'exploitation de l'argile locale, de l'eau des cours d'eau, du sel du Jura, et de l’exploitation du bois de la forêt de Cîteaux pour les fours de cuisson (sept tuileries-briqueteries sont répandues le long de la rivière Sansfond, qui alimente l'abbaye, ainsi que de nombreuses autres dans toute la région)[4],[5].

Le musée de l'abbaye de Cîteaux expose quelques vestiges de carreaux vernissés décorés de motifs, usés par le temps. De même une partie subsistante d'un des deux anciens cloîtres de l'abbaye montre un exemple rare de mur en briques vernissées à motifs bourguignons. L’Hôtel-Dieu de Tonnerre, fondé par la comtesse Marguerite de Bourgogne-Tonnerre, est recouvert de tuile de Bourgogne vers 1295. Les motifs sont différents suivant la manière dont on dispose les tuiles sur les toits. L'utilisation de ces tuiles se développe en Bourgogne au début du XIVe siècle. Elles sont réservées aux plus riches bâtiments (les toits plus modestes étant traditionnellement recouverts de bois (bardeau, tavaillon), chaume, lave de Bourgogne, ardoise…).

Fabrication

Les tuiles en terre cuite sont enduites d’une glaçure alcaline à base de sel (chimie) et de plomb ou d'étain, et prennent leur couleur avec la cuisson au four. On les appelle aussi des tuiles plombées ou glaçurées. À la suite d'une seconde cuisson, les sels fondent et donnent l'aspect glacé. En mélangeant diverses formules de sel minéraux, on obtient les différentes teintes : jaune, orange, vert, rouge, brun foncé.

En France, quelques entreprises savent faire ce type de tuile : la tuilerie Blache à Loire-sur-Rhône, la tuilerie Aléonard à Pontigny, la tuilerie Laurent à Thil-la-Ville, commune de Nan-sous-Thil.

Quelques toits polychromes vernissés à motifs en Bourgogne

Quelques toits vernissés à motifs hors de Bourgogne

Près de sept cents clochers de Franche-Comté, et d'ailleurs, sont également vernissés à motifs à partir du XVIIIe siècle et l'architecture traditionnellement alsacienne intègre des tuiles alsaciennes vernissées à motifs dans ses monuments.

Lors de sa restauration du début des années 2000, des éléments de toiture de la cathédrale Notre-Dame de Tournai en Belgique sont recouverts de tuiles vernissées multicolores à motifs losangés[6].

Références

  1. C. Baradel-Vallet, 2007.
  2. Un ordre religieux qui a joué un rôle majeur dans la civilisation de l'Occident chrétien au Moyen Âge.
  3. La Franche-Comté était alors le comté de Bourgogne
  4. « Cisterciens »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  5. « Titre inconnu »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  6. « Les toits de la cathédrale changent de couleur »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur lesoir.be, .

Voir aussi

Bibliographie

  • Catherine Baradel-Vallet, Jean Rosen (dir.) (thèse de doctorat de l’université de Bourgogne, soutenue le 20 décembre 2007), « Les toitures polychromes en Bourgogne du XIVe au XXe siècle », sur journals.openedition.org (consulté le ).
  • Benoit Rouzeau, « Ateliers de tuiliers, au Moyen Âge et à l’époque Moderne »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  • Patrick Seurot, Toitures de rêve, Éditions La Taillanderie, (ISBN 978-2876292345).

Articles connexes

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Liens externes

  • « Accueil », sur tuilerie-laurent.fr (consulté le ).
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