Concert champêtre

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Ne doit pas être confondu avec Le Concert champêtre ou Sonate champêtre.

Concert champêtre
FP 49
Image illustrative de l’article Concert champêtre
Francis Poulenc et Wanda Landowska

Genre Concerto
Musique Francis Poulenc
Durée approximative 25 min
Dates de composition
Dédicataire Wanda Landowska
Création
salle Pleyel, Paris, Drapeau de la France France
Interprètes • Wanda Landowska (clavecin)
• Pierre Monteux (direction)
Orchestre symphonique de Paris
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Le Concert champêtre est une œuvre de Francis Poulenc pour clavecin et orchestre composée en 1928.

Contexte

Lors d'un concert privé chez la princesse de Polignac, le , Wanda Landowska tient la partie de clavecin et interprète le Retable de Maître Pierre de Manuel de Falla[1]. La claveciniste déclare alors que « tous les musiciens ici présents doivent écrire pour moi, car le clavecin n'est pas une pièce de musée »[1],[2]. Ricardo Viñes introduit alors Francis Poulenc auprès de Wanda Landowska et cette dernière l'invite dès lors chez elle[1].

C'est à partir de 1926 que Francis Poulenc décide décrire le Concert champêtre, alors qu'il suit le travail d'élaboration du Concerto pour clavecin de Manuel de Falla qui est interprété par Wanda Landowska[1]. Il compose l'oeuvre à partir de 1927 et l'achève en septembre 1928, travaillant en étroite collaboration avec la claveciniste[1]. Il n'a alors composé pour l'orchestre qu'une seule œuvre d'envergure, son ballet Les Biches[3]. Cependant, ses précédentes pièces montrent un goût pour le timbre des instruments à vent, qu'ils soient présentés seuls, ou couplé à la voix, aux cordes voire au piano[3].

Création

Le Concert champêtre connait d'abord une interprétation privée chez Wanda Landowska où la claveciniste joue la partie de soliste et où Poulenc joue au piano la partie orchestral[1]. De cette séance, Jacques de Lacretelle, en brosse le tableau dans son ouvrage L'Écrivain public : « Son [Poulenc] jeu est rapide, fougueux, éclatant. Il est sûr de soi ; nourri de tout ce que la musique a produit de neuf et de hardi depuis vingt-cinq ans, il entend imposer sa nouveauté et sa hardiesse propres. Et l'alliance qu'il a conclue avec l'instrument de Rameau et de Couperin, marque bien sa position. Tout le baroque, toutes les surprises de l'harmonie moderne sont comme volatilisées par les sons du clavecin. »[1],[4].

L'œuvre est créée le salle Pleyel par Wanda Landowska — dédicataire de la partition — au clavecin et l'Orchestre symphonique de Paris placé sous la direction de Pierre Monteux[1],[5]. À partir de ce moment là, Wanda Landowska va jouer l'œuvre dans toute l'Europe et aux États-Unis, et Francis Poulenc aura même l'occasion de l'interpréter lui-même, sur un piano cependant et non un clavecin[1],[6].

Structure

L'œuvre comprend trois mouvements[5] de « structure libre, rhapsodique[6] » :

  1. Allegro molto, qui s'ouvre sur un Adagio ;
  2. Andante, « mouvement de Sicilienne » ;
  3. Finale. Presto « très gai ».

L'exécution du Concert champêtre dure à peu près vingt-cinq minutes[5].

Instrumentation

Le Concert champêtre requiert à l'orchestre[5],[7] :

Instrumentation du Concert champêtre
Bois
2 flûtes (la 2e jouant piccolo), 2 hautbois (le 2e jouant cor anglais), 2 clarinettes, 2 bassons
Cuivres
4 cors, 2 trompettes, 1 trombone, 1 tuba
Percussions
timbales, percussions (tarole, tambour, grosse caisse, tambour de basque, triangle, cymbale, xylophone)
Cordes
premiers violons, seconds violons, altos, violoncelles, contrebasses

Analyse

Analyse formelle : une juxtaposition des dynamiques, thèmes et tonalités

Dans son analyse formelle du Concert champêtre, Philippe Blay démarque trois paramètres d'importances : les dynamiques, les thèmes musicaux ainsi que les tonalités[8]. Sur le plan des dynamiques, les différents mouvements comprennent chacun plusieurs sections aux dynamiques contrastantes, tout en ayant une certaine symétrie[9]. Ainsi, dans le premier mouvement on retrouve les dynamiques suivantes[9] :

Tableau des dynamiques du premier mouvement :
noire = 54 blanche = 120 blanche = 108 blanche = 120 blanche = 138 noire = 52 blanche = 120

Ces tempi vont de pair avec la forme, car si le premier mouvement présente une structure sonate, il n'y a pas de développement à proprement parler, mais une juxtaposition des différents matériaux musicaux[9]. Philippe Blay relève un grand nombre de thèmes, ou plutôt de cellules thématiques, les thèmes développé à partir de ces cellules thématiques étant alors reliés entre eux[9]. Cependant, si les différents mouvements sont liés entre eux, notamment par des rappels ou des anticipations des autres mouvements, Philippe Blay réfute pour autant une idée de forme cyclique, les thèmes étant beaucoup trop morcelés et diffus pour cela[10]. Il parle cependant d'une construction rémanente où la mémoire de l'auditeur fait d'elle-même la reconstruction thématique entre les mouvements[9]. Pour ce qui est des tonalités, elles sont aussi variées que les changements de dynamique[10]. Francis Poulenc module de façon abrupte, en juxtaposant les tonalités à la manière de l'usage de la couleur dans le fauvisme[10]. Ainsi, les juxtapositions thématiques, dynamiques et tonales sont faites de façon logiques entre elles, et s'inscrivent dans une esthétique globale de l'œuvre[10].

Analyse orchestrale

Concertatio entre l'orchestre et le clavecin

Comme dans beaucoup des œuvres de Francis Poulenc, la répartition instrumentale se fait à part égale entre les vents et les cordes, ainsi qu'avec une forte présence des percussions[11]. Les vents énoncent d'ailleurs la plupart des thèmes musicaux répertoriés[11]. De plus, dans le discours musical, Francis Poulenc a tenu compte du clavecin Pleyel que possédait Wanda Landowska, ce qui inclut un paramètre supplémentaire à la construction de l'orchestre telle qu'entendue par le compositeur[11]. Si ce dernier autorise l'interprétation sur piano, comme il l'écrit sur la page de titre, et l'a lui-même mise en pratique, ses propos sont sans détours : « La version de piano du Concert champêtre n'est qu'un pis aller [...]. Toute œuvre de clavecin jouée au piano est forcément trahie. Il n'existe pas au monde un pianiste capable de faire autre chose qu'un à peu près lorsqu'il exécute au piano une œuvre de clavecin, car il y a aussi loin du clavecin au piano que de l'orgue au piano »[11],[12]. Concernant le jeu du clavecin lui-même, il est autant utilisé dans son usage en référence à la musique baroque française que dans un usage très xxe siècle, puisqu'il est fait usage des notations anciennes (pincé, appogiature, coulé, accaciatura) que comme instrument de percussion, instrument timbrique et non mélodique voire caisse de résonance[11].

Mélange des timbres entre orchestre et clavecin

Philippe Blay répertorie cinq type d'écriture dans le Concert champêtre : une écriture du continu, proche de la musique baroque, une écriture en bloc de timbre, une autre plus proche de la musique de chambre, une quatrième basée sur le balancement rythmique et la répétition et enfin une écriture en mélodie accompagnée[11].

Esthétique

Références au passé

Le titre Concert champêtre fait déjà une double allusion au xviiie siècle, notamment aux Concerts royaux de François Couperin, mais aussi aux Pièces de clavecin en concerts de Jean-Philippe Rameau[11]. De plus, l'œuvre de Francis Poulenc se rapproche de la définition de concert donné par Antoine Furetière et Jean-Jacques Rousseau[11].

Références contemporaines

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Discographie

Notes et références

  1. a b c d e f g h et i Blay 1990, p. 37.
  2. Poulenc 1963, p. 125.
  3. a et b Blay 1990, p. 38.
  4. de Lacretelle 1936, p. 104-105.
  5. a b c et d Tranchefort 1996, p. 585.
  6. a et b Werck 2018, p. 74.
  7. « Concert champêtre, FP 49 (Poulenc, Francis) », sur IMSLP (consulté le )
  8. Blay 1990, p. 39-40.
  9. a b c d et e Blay 1990, p. 39.
  10. a b c et d Blay 1990, p. 40.
  11. a b c d e f g et h Blay 1990, p. 42.
  12. Poulenc 1954, p. 76-77.

Bibliographie

  • Philippe Blay, Analyse Musicale, Paris, Société Française d'Analyse Musicale, , 131 p. (ISSN 0295-3722). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jacques de Lacretelle, L'Écrivain public, Paris, Gallimard, (ISBN 978-2-070-23661-9). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Francis Poulenc, Moi et mes amis : confidences recueillies, Paris, Palatine, (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Francis Poulenc et Claude Rostand, Entretiens avec Claude Rostand, Paris, Radiodiffusion français, , 219 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • François-René Tranchefort, « Francis Poulenc », dans François-René Tranchefort (dir.), Guide de la musique symphonique, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », (1re éd. 1986), 896 p. (ISBN 2-21301638-0), p. 585-586.
  • Isabelle Werck, Francis Poulenc, Paris, Bleu nuit éditeur, coll. « Horizons » (no 35), , 176 p. (ISBN 978-2-35884-024-8).

Liens externes

  • Ressources relatives à la musiqueVoir et modifier les données sur Wikidata :
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    • VIAF
    • BnF (données)
v · m
Œuvres principales de Francis Poulenc
  • Mélodies
  • Cantates
Œuvres chorales
Œuvres lyriques
Musique de ballet
  • Les Mariés de la tour Eiffel (1921)
  • Les Biches (1924)
Musique sacrée
  • Sept Chansons (1936)
  • Litanies à la Vierge noire (1936)
  • Messe en sol majeur (1937)
  • Sécheresses (1937)
  • Quatre motets pour un temps de pénitence (1938-39)
  • Salve Regina (1941)
  • Un soir de neige (1944)
  • Quatre petites prières de saint François d'Assise (1948)
  • Stabat Mater (1950)
  • Quatre motets pour le temps de Noël (1951-52)
  • Ave verum corpus (1952)
  • Laudes de saint Antoine de Padoue (1957-59)
  • Gloria (1959)
  • Sept répons des ténèbres (1960-62)
Œuvres pour orchestre
Œuvres concertantes
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Voir aussi la catégorie : Œuvre de Francis Poulenc et la Liste des œuvres de Francis Poulenc
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